Les Mystères évidents de Clément Montolio pourraient apparaître comme un paradoxe de l’esprit. Il n’en est rien. Le mystère est ici intellectualisé dans la peinture, il fait corps avec l’œuvre, il est dans l’œuvre, il est l’œuvre. Clément Montolio se libère de l’esthétique afin que le Mystère se laisse apercevoir, mystère au premier sens emprunté au latin mysterium, c’est à dire qui exprime le caractère profond, la vertu inhérente d’une chose. Clément Montolio se libère de l’esthétique comme examen de la nature et du beau pour nous amener au « vrai ». Son œuvre s’inscrit dans l’héritage philosophique de l’autrichien Ludwig Wittgenstein, dans sa recherche sur la notion de vérité et sur le langage, travaillant l’esthétique comme une étape cognitive permettant l’accès à l’intuition et à la vérité. Mais la création de l’artiste ne procède pas d’une construction théorique; elle nait d’un élan à la création, de la stimulation d’une intuition, d’une entrée dans la matière.
Extrait du texte de ANNE-SOPHIE COPPIN pour le Cahier de Crimée Mystères évidents, 2014