Le MAMC+ produit ses propres scénographies d'exposition depuis 2017. Le devenir des matériaux employés est au cœur des réflexions du service "régie technique" du Musée. Son challenge ? Parvenir à un résultat enthousiasmant avec un minimum de gaspillage... Ou comment joindre l'utile à l'agréable. L'exposition Design et merveilleux est le point de départ d'une déambulation dans 3 années d'expositions.
Conditionner, transporter, scénographier...
Le Musée emprunte des œuvres pour concevoir ses expositions. Elles peuvent provenir d'autres musées, de galeries d'art, de collections particulières..., de France, d'un pays voisin ou même d'un pays à l'autre bout du monde !
Pour faire voyager les œuvres, certains critères doivent être respectés : elles doivent être conditionnées avec des matériaux imposés par les normes de conservation préventive (la conservation préventive est l'ensemble des actions dont l'objectif est d’éviter et de minimiser les détériorations à venir). Malheureusement les matériaux requis sont rarement réutilisables ou écologiques.
À cela s'ajoute le bilan carbone du transport qui achemine les œuvres d'un lieu d'exposition à un autre, que ce soit en camion, bateau ou avion.
Enfin la production de la scénographie requiert l'emploi de nombreux matériaux de construction. Plaques de plâtre, peintures, enduits, rails et montants en aluminium, bois composites ou massifs, visserie, ne sont qu'un extrait de la longue liste des matériaux nécessaires.
Le bilan ? Une exposition est source de pollution comme tout évènement culturel. C'est pourquoi le Musée met en œuvre des solutions durables pour réutiliser au mieux les matériaux.
La solution ? Réemployer
Penser en terme de recyclage est beaucoup plus difficile pour le Musée que de réfléchir à l’emploi d’un matériau majoritaire dans une importante scénographie. L'enjeu est le réemploi du matériau principal sous d’autres formes, au sein du plus grand nombre de projets ultérieurs possibles.
Et concrètement, ça donne quoi ?
Point de départ, l'exposition Design et merveilleux : le service "régie technique" du Musée a choisi un médium gris teinté dans la masse (un bois composite) pour construire l’habillage :
- des socles
- des cimaises (murs ou panneaux sur lesquels sont accrochés les œuvres tels tableaux, dessins)
- d’un cabinet de curiosité.
8 tonnes de médium ont été commandées ainsi que 6 tonnes d’aggloméré servant de bois de structure. Le montage a été pensé pour recouper les panneaux le moins possible et l'assemblage effectué sans vis apparentes dans la perspective du réemploi.
Le réemploi, plusieurs vies après l'exposition
Après un démontage et un stockage propre, voici ce que sont devenus en 3 ans, le médium et l’aggloméré de cette seule exposition :
- Exposition Coup de pub : 7 tables et vitrines réalisées en médium gris (soit plus de 20 m²).
- Exposition Pierre Buraglio. Bas voltage / 1960-2019 : 8 vitrines de 2 × 0,5 m réalisées en médium gris et destinées également à l'exposition suivante Entrare nell’ opera. La serrurerie a été produite en interne et ces vitrines sont depuis utilisées dans de nombreuses expositions. C’est le cas encore aujourd’hui où elles figurent au sein de l’exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien.
- Exposition Maurice Allemand, ou comment l’art moderne vint à Saint-Étienne (1947-1966) : 20 socles, 5 estrades et plus de 15 mètres linéaires de trottoirs réalisés avec le médium (pour le parement) et avec l’aggloméré (en structure).
- Exposition : Entrare nell’ opera : Entrer dans l'œuvre / actions et processus dans l'Arte Povera : 12 tabourets et 6 gros socles audiovisuels réalisés, sans oublier les modifications des vitrines de l'exposition Coup de pub et de Pierre Buraglio. Bas voltage / 1960-2019 réadaptées pour cette exposition.
- Exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien : 35 m² de panneaux d’aggloméré débités au format 0,7 × 2,8 m pour servir de support d'impression pour les textes de salle et les cartels. Le matériau devient ici un élément scénographique central. Ce format de panneaux permettra au Musée une fois l'exposition terminée, de s'en servir pour réaliser les structures de nombreuses autres cimaises, trottoirs, estrades et socles dans les années à venir. Malin non ?
Un staff au top !
Ainsi, une seule et même commande de bois destinée à une unique exposition a finalement servi à la scénographie de 13 expositions. Au bout de 3 ans et demi, ne subsistent que 5 planches :
Le réemploi du matériau a été également affecté à la fabrication de mobilier et au réaménagement de l'atelier menuiserie :
Au Musée, chaque exposition en nourrit d'autres. Cela est rendu possible grâce aux compétences du service "régie technique" : montage/démontage d’exposition, menuiserie, serrurerie, encadrement, plâtrerie et peinture, etc. Au-delà du bois, le Musée recycle autant que possible les rails et montants aluminium des constructions en plaques de plâtre.
2021, aller plus loin ?
Depuis fin 2020, tous les bois composites que le Musée emploie sont issus de forêts durables françaises, plus particulièrement en pin des Landes. Ils sont certifiés sans formaldéhydes : un bénéfice non seulement pour le personnel de l'établissement qui travaille le bois, mais aussi pour les visiteurs.
En 2021 le Musée expérimentera des peintures écologiques à base de résineux sur ses murs ainsi qu'une peinture capable d’absorber une partie importante des formaldéhydes présents dans l’atmosphère.
L'équipe du Musée a hâte de vous retrouver dès la réouverture. Peut-être regarderez-vous l'exposition Hassan Sharif, I am the single work artist d'un autre œil ?
Les musées préservent notre passé ; le recyclage préserve notre avenirThéodor W. Adorno (1903-1969)
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