La classe, l’œuvre ! est une opération d’éducation artistique et culturelle dans le cadre de Nuit européenne des musées. Elle favorise "l'accès de tous les jeunes à l’art et à la culture". Elle est conçue par les ministères de la Culture et de l'Éducation nationale. Notre projet s'est déroulé tout au long de l'année autour de l'exposition d'Éric Manigaud, La mélancolie des vaincus. Nous allons vous présenter notre travail.
Emma et Lisa, deux médiatrices culturelles – passeuses entre les œuvres et les visiteurs du Musée – sont tout d’abord venues au lycée pour nous présenter le musée. Cela nous a bien éclairés et a été une bonne introduction au projet partenarial qui allait suivre.
Découvrir l'exposition d'Éric Manigaud
Nous sommes rentrés dans le vif du sujet avec la visite de l’exposition d'Éric Manigaud, intitulée La mélancolie des vaincus ; elle a été au cœur de notre travail partenarial. Cette visite était pour nous la première après une période marquée par l’absence de contacts réels et directs avec les œuvres. De ce fait, elle a été véritablement marquante pour nous.
Cette exposition est à la fois troublante et fascinante de par la qualité du travail "technique" et la précision de l’artiste, mais aussi de par la dureté des images qui crée une ambiance grave et pesante au fil de l’exposition. Éric Manigaud choisit les photos en fonction de leur capacité à raconter les choses et en tant que visiteurs nous le ressentons ! En effet cette exposition nous ouvre les yeux sur la cruauté que les humains subissent ou font subir.
Rencontrer l'artiste
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Éric Manigaud. Il nous a d’abord expliqué le sens du titre de son exposition, La mélancolie des vaincus, en rappelant qu’il avait une "dette" envers différents écrivains comme Enzo Traverso et Daniel Bensaid. Pour l’artiste, ce titre est un véritable programme ! Il souhaite, pour une fois, raconter l’histoire du point de vue des vaincus de l’Histoire, et non des vainqueurs. Pour mieux nous faire entrer dans sa démarche, il nous a présenté sa manière de travailler, son processus créatif.
Les œuvres d’Éric Manigaud nous ont beaucoup touchés et nous trouvons que son travail est aussi incroyable que magnifique.
place aux ateliers d'écriture
Nous sommes ensuite passés à la partie de création. Nous avons suivi plusieurs ateliers d’écriture. Que ce soit au lycée, au musée ou chez nous, nous avons dû suivre une consigne afin de créer des textes à la fois personnels et "cadrés". À chaque fois nos productions devaient dialoguer avec une œuvre de l’exposition. Voici quelques exemples d’exercices :
CHOISIR UN DESSIN ET RÉDIGER UN "ZOOM SUR UNE ŒUVRE" EN 800 CARACTÈRES EN VUE D’UNE PUBLICATION SUR LE BLOG DU MAMC+ :
Éric Manigaud est un artiste qui travaille sur du papier en utilisant du graphite et des crayons de couleurs. Cette œuvre se démarque des autres car il s’agit d’une des rares œuvres de l’exposition qui possède des couleurs. L’artiste a sans doute voulu mettre en valeur les marques de la maladie sur le visage de la jeune femme.
Le dessin représente une femme de face qui semble fixer le visiteur.
Elle est vide de toute expression.
On n’arrive pas vraiment à déceler ce qu’elle ressent. Son visage renvoie une neutralité comme si la jeune femme ne voulait rien montrer. Ses émotions ne sont d’ailleurs pas véritablement transmises au public qui la regarde.
On ne sait pas si elle souffre mais on perçoit une certaine fatigue et de la mélancolie. Ses cheveux sont peu soignés.
Sa peau est constellée de taches roses qui ressortent d’autant plus qu’elles contrastent fortement avec son habit et le fond sombre. Cette œuvre attire d’autant plus le regard du public, que lorsque l’on regarde le travail d’Éric Manigaud, la plupart de ses dessins sont en noir et blanc. On se demande alors pourquoi il a choisi d’ajouter de la couleur et pourquoi dans cette œuvre précisément.
Par Chiara Bernard et Liselotte Rizand en lien avec l’œuvre Syphilide papuleuse lenticulaire, 2016
RÉDIGER UN RAPPORT DE POLICE SUR LE DESSIN TRAITANT DES SCÈNES DE CRIMES D’ÉRIC MANIGAUD, EN S’INSPIRANT DES EXERCICES DE STYLE DE RAYMOND QUENEAU :
Une salle à manger complétement retournée
Où sommeille une dame victime de son bien aimé
Leur vie est bouleversée
en l’espace d’une soirée,
Le temps passe et personne ne semble s’en soucier.
Le sol taché de sang entoure la femme gisant
Où rien ne laisse apparaître une mort naturelle
Faut-il douter des actes d’amour de son amant ?
Mieux vaut ne pas réveiller de vieilles querelles
Ce fameux dîner qui cache de lourds fardeaux
La victime est entourée de bouteilles en verre qui se sont brisées au contact de sa peau
L’amour nous pousse à commettre l’irréparable
Une femme vulnérable sous l’emprise d’un homme ayant commis ses actes condamnables.
Par Evaëlle Di Seglio en écho au dessin Affaire de Colombes, assassinat des époux M…, vue de la salle à manger (perspective), 2007
Appel. Disparition. Appel pour signaler une disparition : c’est le point de départ Une femme. Seule. C’est la victime idéale. Corps inerte retrouvé : c’est le choc. 21 h et 40 minutes. Environ. Environ 21h40 : c’est le cadre temporel. Le médecin arrive, il est 22h13. Décès avéré : c’est un fait Enquête ouverte. Lieu sens dessus-dessous : cambriolage ? Porte fermée. Aucune trace d’effraction. Corps de la victime éventré, visage saccagé : défiguration Du sang. Du sang. Du sang. Partout. Partout sur le sol. Sur le sol, des traces. Effroi, violence, pistolet. A côté de la victime. Victime ? Suicide ? Meurtre ? Assassinat ? Corps transporté. Corps autopsié. Tirs répétés : meurtre. Plusieurs suspects. Suspectés par moi. Moi. Moi. Je suis policière. Je suis une protagoniste de cette histoire. Place aux interrogatoires pour pouvoir conclure. C’est la conclusion. La conclusion logique.
Liselotte Rizand en écho au dessin Affaire de Colombes, assassinat des époux M…, vue de la salle à manger (perspective), 2007
ÉCRIRE UN ZAPPING JOURNALISTIQUE QUI PERMET DE FAIRE UN LIEN AVEC UNE DES ŒUVRES DE L’EXPOSITION
Isère : la piste d’une tentative d’empoisonnement privilégiée après l’apparition d’effets secondaires inquiétants
Une ex-Miss France impliquée dans un accident de la route... des conséquences incroyables !
États-Unis : le bilan des 100 premiers jours de Joe Biden dans le domaine de la santé
Témoignage : le désespoir d’une femme touchée par une maladie incurable
L’Ukraine commémore la catastrophe de Tchernobyl, 35 ans après.
Irak : plus de 80 morts et des victimes aux pathologies étonnantes suite à l’incendie d’un hôpital à Bagdad
Paludisme : lueur d’espoir en Afrique
Margaret Keenan "fière" d’avoir reçu la première dose anti Covid-19 de Pfizer
Un chef-d’œuvre du XXe siècle revient restauré dans son musée à Bruxelles
Tchernobyl : aucun effet transgénérationnel des survivants sur leurs enfants
Covid-19 : le variant indien détecté en Belgique
Emma Watson : cette star dans la saga Harry Potter, la plus belle femme du monde diront certains
Jeune femme en détresse : comment s’accepter quand on est différent physiquement ?
Liselotte Rizand en lien avec le dessin Syphilide papuleuse lenticulaire, 2016
Place aux podcasts
Nos écrits ont fait l’objet d'enregistrements sonores et d’une publication sur la web-radio de notre lycée. Certains de ces podcasts ont été publiés par le Musée sur sa chaîne Youtube à l'occasion de la Nuit européenne des Musées (voir ci-dessous). Nous avons également produit un petit livret sous forme d’un recueil de textes.
Ce projet nous a aussi permis de nous préparer à une des thématiques du programme d’histoire de l’année prochaine : la guerre d’Algérie. C’était donc une expérience très enrichissante pour nous !
Liselotte Rizand, Chiara Bernard, Avelaine Duby et Evaëlle Di Seglio
Découvrir la section Histoire des arts du Lycée Honoré d'Urfé : https://lewebpedagogique.com/saintetiennehida/
Publish your comment