Cette première rétrospective en France de l’artiste Pierrette Bloch (1928-2017) permettra de découvrir son cheminement créatif en retraçant près de 70 ans de pratique, avec deux cents œuvres déployées sur plus de 1000 m². Elle vise à replacer Pierrette Bloch au cœur des enjeux de la peinture et de sa déconstruction dès les années 1960, au sein d’une scène française qui l’a trop souvent reléguée aux travaux textiles (mailles et crins) volontiers associés à une pratique féminine, ou au dessin, longtemps considéré comme un art mineur. Or, l’œuvre brille par ses qualités d’obstination, de rigueur ou d’audace et sa quête acharnée en matière de systèmes et de protocoles créatifs résonne avec de nombreux courants artistiques qui font la notoriété du musée.

S’ouvrant sur ses débuts de peintre abstraite dans les années 1950 et 1960, l’exposition dévoile ensuite ses premiers collages et marouflages. Répétant sa touche à l’infini, ses suites de lignes et de ruptures invitent à considérer son œuvre des années 1970 et 1980 entre ordre et désordre. Prenant forme à distance du mur, ses mailles et ses lignes de crin donnent à voir le jeu du relief et de l’ombre, ouvrant l’œuvre de Pierrette Bloch vers la sculpture et, plus généralement, vers une peinture par d’autres moyens. Un chapitre sur l’écriture met en relation ses entrelacs, ses boucles et ses lignes d’encre, avant de présenter l’œuvre ultime, décousue, entre subtiles variations de supports, touches presque invisibles et disparition des signes sur le papier.

Un parcours en sept parties permettra au spectateur d’envisager l’œuvre de Pierrette Bloch dans son intégralité, tout en comprenant les liens qu’elle a tissés avec son époque et ses contemporains. L’exposition se poursuit avec des œuvres de la collection personnelle de Pierrette Bloch et par une dizaine de peintures issues de la collection du MAMC+ réalisées par des artistes proches d’elle et aux recherches parentes des siennes en matière de déconstruction, de sérialité et de répétition de formes. Citons en particulier les membres associés de près ou de loin à la mouvance Supports/Surfaces (Claude Viallat, Pierre Buraglio, etc.), la peinture radicale de Michel Parmentier et de Jean-Michel Meurice, et tout spécialement enfin Pierre Soulages, dont elle fut complice une vie durant et l’amie la plus proche.

Cette rétrospective, qui rassemble des œuvres des collections publiques françaises, de nombreuses collections privées européennes et du fonds majeur de l’atelier, sera l’occasion exceptionnelle de dévoiler une centaine d’oeuvres inédites de l’artiste.

Portrait d'Aurélie Voltz

Aurélie Voltz
Directrice du MAMC+

David Quéré
Physicien, directeur de recherche au CNRS et professeur à l’École Polytechnique, ayant-droit de Pierrette Bloch