Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste autrichien présentera une sélection de quatre films, une centaine de dessins et des céramiques, prenant place au sein d’installations. L’œuvre de Gernot Wieland aborde des sujets universels, entre langage, éducation, altérité, domination, religion dans des récits racontés à la première personne avec, en basse continue, une approche sensible de la psychanalyse.

Chaque film, d’une vingtaine de minutes, est introduit par une musique aux accents mélancoliques. La voix de l’artiste, posée à la manière d’un conteur, nous mène dans ses souvenirs d’enfance, au cœur de ses rêves, de légendes, de civilisations lointaines et fait revivre ses héros personnels (Franz Kafka, Sigmund Freud, Karl Marx…). Une multitude d’images mêle des animations de pâte à modeler, des extraits de films Super 8, des photographies, des dessins d’enfants multicolores, des montages en papier, des diagrammes inquiétants ou encore des esquisses faussement naïves. Le monde de Gernot Wieland est peuplé d’animaux frappés de dépression, d’enfants évanouis à la vue de saints martyrs et d’amis qui ont pris le chemin de la folie. Ses films, insistant sur la mémoire et la trace, distillent des modes de reconstruction avec humour, tel ce drone meurtrier entamant une séance de thérapie ou ce village entier mimant des formes de cristaux réparateurs.

Les films sont projetés dans une scénographie spécifique conçue par l’artiste, qui permet d’expérimenter des environnements associés aux récits. Le film You do not leave traces of your presence, just of your acts (2025) est par exemple dissimulé derrière un immense mur de carton peint, constellé d’œilletons, invitant à une observation rapprochée de détails se dérobant aussitôt à la vue. Plus loin, des séries de dessins (Half Naked), exposées sur d’immenses tables, forment des îlots entre lesquels le spectateur chemine, un peu comme entre des fragments d’une mémoire parcellaire. Aperçues dans les films, les céramiques personnifiant le super ego, le déni ou l’émancipation sont perchées sur des socles éparpillés, de manière fantomatique, telles des apparitions. Entraînant le spectateur au cœur d’un labyrinthe de fortune, Gernot Wieland lui fait revivre ses plus sombres épisodes scolaires, dans la terrible salle de classe du film Ink in Milk (2018). Dans la dernière section de l’exposition, où sont projetés “Hello, my name is…”…and…“Yes, I'm fine.” (2016) et Family Constellation with a Fox (2025), la moquette a reçu le dessin d’implacables mécanismes psychiques, où le spectateur est paradoxalement invité à se prélasser.

Commissariat

Aurélie Voltz
Directrice du MAMC+