Imaginons… Nous nous faufilons discrètement au-delà des barrières de sécurité après s’être identifiés auprès du service de sécurité. À nos pieds, de solides chaussures de sécurité coquées et un casque en guise de couvre-chef. Nous voilà fin prêts pour pénétrer au cœur du chantier qui semble de l’extérieur une bête vivante, avalant les hommes et recrachant les matériaux.
Un musée bien enveloppé
Le 11 avril 2023, comme à chaque fin d’exposition, le ballet du démontage s’est animé : constats d’état pour les uns, désinstallations et mises en caisses pour les autres. Mais, contrairement à d’habitude, il y avait bien d’autres choses à retirer des murs… Courant mai, l’équipe technique a ainsi démonté la totalité des éclairages, les bornes Wi-Fi et la baie de brassage, mais aussi certains équipements de sécurité incendie comme les extincteurs et les BAES (Blocs Autonomes d'Éclairage de Sécurité), les dispositifs sonores, les caméras de vidéosurveillance, etc.
Le 8 juin, la première entreprise intervient et commence à mettre en place toutes les protections sur les sols et les murs pour rendre la zone de chantier la plus étanche possible.
De grandes bâches de polyane sont tendues du sol au plafond, sur environ 8 mètres de hauteur, pour protéger et occulter les murs et fenêtres du hall d’accueil. Seule la porte centrale qui permet l’entrée et la sortie des matériaux et des ouvriers reste accessible.
Depuis l’extérieur jusqu’à l’entrée de la zone des travaux, le cheminement des équipements, des matériaux et des hommes est matérialisé par ces plaques de contreplaqué qui protègent les pavés et permettent de mieux répartir la charge. La banque d’accueil est elle aussi soigneusement emballée.
Un ouvrier agrafe la bâche qui protège la passerelle reliant la bibliothèque Jean Laude aux bureaux de l’administration du Musée.
Les confinements sont en place entre les salles d’exposition et les espaces techniques où se trouvent notamment l’atelier d’encadrement et une partie des réserves du Musée : pas une poussière ne doit passer !
Une fois toute cette enveloppe de protection posée, nous étions, les entreprises et l'équipe du MAMC+, dans les starting-blocks pour entrer dans le vif du sujet.
Faire place nette
Trois entreprises sont entrées en scène simultanément à partir du 12 juin, chacune spécialisée dans un domaine : climatisation, électricité et démolition. L’objectif ? Faire place nette dans les salles d’exposition de façon à ne laisser apparents que la charpente métallique, les piliers et murs porteurs. Et tout cela en six semaines top chrono !
Les électriciens ont ainsi consigné les réseaux pour que tous les ouvriers puissent travailler en sécurité ; les techniciens dédiés à la climatisation ont débité et éliminé des centaines de mètres de gaines ; les ouvriers affectés à la démolition ont abattu toutes les cloisons intérieures libérant ainsi un vaste plateau de 3000 m².
Voyez-vous l’ouvrier dont la tête émerge derrière la cloison ? La démolition vient juste de commencer… Et déjà le premier mur de béton est à nu à l’arrière-plan, tandis qu’à l’avant la cimaise d’introduction à l’exposition Marcelle Cahn. En quête d’espace apparaît partiellement déconstruite.
Les murs sont démontés un à un selon un procédé toujours identique. Tout d’abord, sur la nacelle, les ouvriers commencent par scier le haut de la cimaise sur la largeur qu’ils peuvent atteindre depuis l’élévateur, puis ils descendent progressivement jusqu’à atteindre une hauteur d’homme. Ils reprennent alors de la hauteur et entament une autre section du mur. Ils progressent ainsi de haut en bas et latéralement sur toute la paroi.
À hauteur d’homme, de même, les panneaux de plâtre sont sciés un à un, puis détachés à la force de la main.
Accumulées les unes sur les autres, les plaques de plâtres sont ensuite évacuées du chantier grâce à un transpalette.
Elles rejoignent la zone de déchets à l’avant du Musée où le tri est effectué entre benne pour les métaux et benne pour les plaques de plâtre. Ces bennes sont vidées et remplacées plusieurs fois par semaine pour éviter qu’un coup de vent n’entraine quoi que ce soit vers les voieries.
Sur ces trois photographies ci-dessus, le treillage métallique qui forme l’ossature d’une cimaise laisse imaginer les difficultés rencontrées par les agents techniques du Musée. Le chantier aura notamment la vertu d’améliorer nettement les conditions de travail de nos collègues techniciens.
Quelques secrets bien cachés
Bien que le Musée d’art moderne et contemporain soit un bâtiment relativement récent au regard de l’Histoire – conçu par Didier Guichard et inauguré en décembre 1987 –, les plans et les dossiers concernant sa construction sont incomplets et souvent laconiques. Aussi, la démolition a révélé quelques surprises, bien cachées derrière ses murs. En voici quelques-unes.
Avant le chantier, nous connaissions bien l’existence d’un plancher chauffant au Musée. Mais nous ne disposons d’aucun plan du réseau. Aussi, nous pensions connaître toutes les nourrices qui l’alimentent, car de petites trappes étaient ménagées dans les cimaises pour y accéder et les entretenir. Mais, en cassant les cloisons, nous en avons redécouvert cinq bien cachées dans les murs, sans qu’aucune ouverture n’y donne accès… Un désembouage complet du réseau sera donc effectué pour tenter de rendre à ce réseau toute son efficacité.
Ces trois cimaises basses datent de l’ouverture du Musée en 1987. Il s’agissait de cimaises mobiles : l’encoche ménagée à leur pied facilitait leur déplacement. Elles ont été retrouvées pendant le chantier à l’intérieur d’une autre cimaise. Alignées les unes à la suite des autres et superposées sur deux rangées, elles formaient une surépaisseur d’une quarantaine de centimètres dans la cloison !
Bienvenue dans mon bureau ! La trappe ouverte que vous devinez sur cette image se trouve au premier étage juste derrière mon fauteuil. En tombant la cimaise des salles d’exposition en contrebas, plus aucune cloison ne sépare mon espace de travail du chantier. Rien de mieux pour suivre l’avancée en temps réel !
D’autres surprises ont été révélées par le chantier… La plus importante vous sera exposée dans le prochain billet de blog fin septembre. Rendez-vous à la rentrée !
Où voit-on les œuvres du Musée pendant la fermeture du Musée ?
En attendant de nous retrouver au printemps 2024 avec de nouvelles expositions dans un Musée "tout neuf", découvrez cet été la collection design du Musée à la Cité du design.
Le Musée déploie, durant sa fermeture, son exceptionnelle collection de design à la Platine de la Cité du design. L’exposition Histoires d'intérieurs propose une immersion dans les usages et modes de vie des années 1930 à nos jours et ouvre les portes d’une maison imaginaire composée de 6 pièces, à travers une sélection de près de 120 objets intemporels, familiers ou inédits.
Ces travaux bénéficient du soutien de l’État à hauteur de 632 433 euros dans le cadre de la Dotation de soutien à l'investissement local (DSIL).
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