Les rayons de la bibliothèque sont une invitation à la découverte. A, B, C… on saisit un livre, E comme Ernst, Max, titré Sept microbes vus à travers un tempérament.
Des microbes fascinants et poétiques qui en ces temps troublés nous font rêver et voyager, contrairement à d’autres... même si Ernst les considérait comme petits et dangereux !

En 1952, le magazine américain Life publiait un article sur les années de Max Ernst en Arizona qui commençait ainsi :
Il y a 25 ans, à Paris, le surréaliste Max Ernst peignait d'immenses paysages de terre érodée et en friches. En 1947, Ernst s'installe en Arizona où, entouré de véritables déserts et de terres arides, il se lance dans une nouvelle série de panoramas desséchés. Celles-ci, contrairement à ses premières peintures, n'étaient souvent pas plus grandes que des timbres-poste et étaient appelées microbes parce que, dit Ernst, "elles sont petites et dangereuses à la fois pour le cerveau du peintre et pour le spectateur". 1

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En 1946, avec Dorothea Tanning, Ernst se construit une maison à Sedona, en Arizona où il vivra jusqu’en 1951. Durant cette période, Max Ernst a créé au moins soixante-dix minuscules peintures à la gouache qu'il appelait des microbes. Beaucoup évoquent des paysages fantastiques tandis que d'autres semblent complètement abstraits. La tranquillité étrange des paysages arides de l’Arizona est parfaitement et étonnamment restituée.

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Sur le plan pratique, travailler à cette échelle a permis à Ernst d'expédier plus facilement son travail ; selon son ami et collègue artiste Roland Penrose : Il a décidé de peindre de petites œuvres qui pourraient être facilement transportées dans une valise. 2

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Sept microbes vus à travers un tempérament est composé de reproductions à échelle 1, des 31 microbes peints par Ernst, accompagnés d'un poème. L'ouvrage positionne les microbes comme une interprétation nettement surréaliste et subjective du sud-ouest américain.

Le plus petit microbe, la plus petite peinture, mesure 0,6 × 0,6 cm. Elle est reproduite ci-dessous. Les changements d'échelle successifs – les grands espaces nord-américains se voient miniaturisés pour venir suggérer un micro-organisme fantasmé – viennent démultiplier les possibilités d'interprétation. L'agrandissement ci-dessous fait apparaître la trame de l'impression qui rappelle effectivement les images issues des microscopes.

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31 reproductions en couleur de peintures originales de Max Ernst sont découpées et contrecollées dont une sur la couverture. La reproduction de ces tableaux intitulés Microbes respecte l’échelle réelle des originaux. 

Par la suite en 1964, Max Ernst réalisera une sculpture d’un format massif intitulée Microbe vu à travers un tempérament visible aujourd’hui au Musée de l'Hospice Saint-Roch à Issoudun.
Le titre donné par Ernst à sa sculpture et au livre fait référence à une phrase célèbre d'Émile Zola issue de Mes haines :
Une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament.


1. Danielle M. Johnson, « Seeing Through an (American) Temperament : Max Ernst's Microbes, 1946-1953 » dans Journal of Surrealism and the Americas, 2019, vol. 10, n°1, p. 24-45.
2. Esther Adler (Assistant Curator, Department of Drawings and Prints), « MoMA’s Tiniest Drawing : A Max Ernst Microbe » dans Inside/Out A MOMA PS1 Blog [en ligne], juillet 2014 [consulté le 11 janvier 2021].

Ma définition d’une œuvre d’art serait, si je la formulais :
Une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament.
Émile Zola

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