Sculpture ? Maison ? Soucoupe volante ?
L'architecte et urbaniste, Jean Benjamin Maneval (1923-1986) commence les premières esquisses de la Bulle six coques dès 1963. En imaginant cet habitat idéal, il se détache de l'architecture cubique et rigide des années 1920 en privilégiant des formes rondes. Il oriente ses recherches sur l'utilisation du plastique pour la production de cette cellule d'habitation. Souple, peu coûteux, et déclinable en différentes couleurs, le plastique répond parfaitement à la conception des coques arrondies qui constituent la Bulle six coques. Elle est dans sa forme comme dans son matériau, représentative de la génération Pop Art.
En 2005, le Musée acquiert auprès de la galerie Jousse un exemplaire de la Bulle six coques. Son originalité tient au fait qu'elle a été imaginée dès sa conception pour la production sérielle. Cet exemplaire provient du village de vacances de Gripp dans les Hautes-Pyrénées. Il reflète les nouvelles pratiques sociales des Trente Glorieuses avec la démocratisation des loisirs. La Bulle six coques devient alors un élément phare de la collection design du Musée.
Dès son acquisition, cette maisonnette en forme de fleur orne la pelouse devant le Musée. Mais au fil du temps, les intempéries ont eu raison de sa fraîcheur et ont usé les coques, rouillé les boulons et même détérioré les vitres et les baies.
Un chantier de restauration XXL
Comme si elle avait fané, la Bulle six coques se devait de connaître un nouveau printemps.
C'est pourquoi en 2018, le MAMC+ lance une vaste opération de restauration en faisant appel à une équipe de professionnels coordonnée par la restauratrice Sylvie Ramel-Rouzet. Au programme : consolidation des structures de l’unité, réparation des déformations et nettoyage des surfaces intérieures et extérieures.
Ce projet est rendu possible grâce au soutien du (FRAR) Fonds régional d’aide à la restauration, cofinancé par l’État et la Région, et grâce au partenariat de l’entreprise Zolpan.
Les différents éléments sont chargés sur un camion, puis emmenés dans l'atelier de restauration.
La Bulle fait coque neuve
Après une quinzaine d'années passées en extérieur, les parois des coques ont besoin d'un important nettoyage. La Bulle six coques nécessite un entretien régulier. Son caractère léger, démontable et son statut ambigu, entre objet industriel et immobilier, en font un bâtiment particulièrement difficile à protéger, vulnérable aux actes de malveillance.
Les restaurateurs commencent par un traitement biocide des surfaces - destiné à détruire les organismes nuisibles comme des bactéries ou des champignons - puis ils effectuent trois phases de nettoyage pour éliminer toutes les aspérités.
Plusieurs tests sont effectués en amont et vont permettre d’observer de quelle manière la matière réagit et si les produits utilisés sont assez efficaces.
Après avoir traité les dernières aspérités et lacunes, la surface des coques est redevenue homogène et lisse. La couche de peinture blanche peut finalement être appliquée.
Le retour de la Bulle
Après plus de 3 ans d'absence et une pandémie qui a ralenti le chantier, la Bulle six coques est flambant neuve ! La voilà sortie de l'atelier pour illuminer le parvis de la Cité du design.
Selon les indications de Jean Benjamin Maneval, le chantier de montage est estimé à trois jours.
Pour l'assemblage des coques, il faut d'abord déposer un bloc de béton hexagonal qui sert de socle à une structure métallique. Puis, comme des pièces de puzzle, les coques sont déposées une à une sur une étoile métallique.
Un grand bras articulé pouvant soulever plusieurs centaines de kilos est utilisé pour décharger et déplacer chacune des parties de la Bulle six coques.
Cette étape est particulièrement minutieuse. Les techniciens doivent placer les sangles correctement. Les parois arrondies offrent moins de prise, rendant la tâche plus difficile.
Chaque pièce pèse entre 150 et 300 kilos. Lorsqu’elles sont en lévitation, il faut continuer de les guider et les retenir car elles peuvent vite basculer.
Les finitions
Présente tout au long du montage de la Bulle six coques, Sylvie Ramel-Rouzet, la restauratrice qui pilote le projet, intervient sur certaines phases du chantier. Ici, elle fixe les joints des fenêtres avant leur pose.
Pour l'aménagement des 36 m², Jean Benjamin Maneval souhaitait que la Bulle six coques soit à la pointe de la modernité. Ainsi, dans les années 1960, elle était pourvue de chauffage, d'électricité et de sanitaires. L'acquéreur d'une Bulle six coques - à l'époque de sa commercialisation - avait également le choix de l'équipement et de l'aménagement intérieur afin de rester dans l'optique de l'habitat rêvé.
Cet exemplaire présenté sur la place de la Manufacture d'Armes dispose quant à lui d'un plancher et de l'électricité pour accueillir des opérations évènementielles culturelles.
Dès le commencement de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne, le 6 avril 2022, venez découvrir cet habitat unique sur le parvis de la Cité du design, place de la Manufacture d'Armes.
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