Le fil rouge de cette visite est l’attention portée par les artistes de l’Arte Povera à leur environnement. Qu’elles se réfèrent au monde de la nature et du vivant ou à l’espace urbain et domestique, les œuvres présentées sont animées par une vision poétique et enchantée.

Giovanni Anselmo, "Entrare nell’opera", 1971

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Plutôt que de rester derrière l’objectif photographique dans la position statique du regardeur, l’artiste Giovanni Anselmo choisit dans cette œuvre de produire une action impliquant un véritable investissement émotionnel et physique. Il s’élance dans le vide d’un paysage indéterminé et le retardateur de l’appareil le saisit à l’instant même où il est au centre de l’espace. Le grand format de l’œuvre abolit toute mesure réelle de l’espace et du temps.

Entrer dans l’œuvre manifeste la formulation claire d’un désir pour l’artiste de s’engager directement dans le monde, démarche dont le spectateur devient alors le témoin privilégié.

Pino Pascali, "Bachi da setola", 1968

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En 1967 et 1968, Pino Pascali engage deux séries de travaux visant à recréer la nature au moyen d’objets et de matériaux de récupération.

"Ce que je vois ne m’appartient plus" dit-il, regrettant le lien de l’homme à son environnement.  Avec ces Vers à soie, l’artiste semble vouloir retrouver la relation privilégiée de l’enfant émerveillé au contact du monde. Ces chenilles artificielles, fabriquées à partir de brosses en plastique de forme spiralée, donnent l’impression de ramper dans la pièce, manifestation d’une dynamique et d’un mouvement naturels.

Jannis Kounellis, "Senza titolo", (Dodici Cavalli Vivi), 1969

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En 1969, Jannis Kounellis expose douze chevaux dans la galerie L’Attico à Rome. Si le cheval est l’animal le plus représenté dans l’histoire de l’art, ici Kounellis le convoque vivant et crée dans l’espace clos de la galerie "une image" fantastique, une vision fondée sur les principes de la mise en scène théâtrale.

Comme le critique d’art Germano Celant, on peut y lire une métaphore de l’artiste, "force fertile" de création, confronté au système marchand. Invendables, ces douze sculptures vivantes, comme les douze divinités de l’Olympe, s’imposent avec majesté et nous invitent à un voyage imaginaire dans l’histoire des mythes et des légendes.

Alighiero Boetti, "Abito", robes pour la "Beat Fashion Parade", 1967

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Mai 1967 : dans l’espace psychédélique du Piper Pluriclub à Turin, célèbre boîte de nuit et lieu de la contre-culture, se tient le défilé de mode Beat Fashion Parade. Y sont notamment dévoilées les minirobes en plastique d’Alighiero Boetti. Ces vêtements transparents et colorés abritent, à l’intérieur de pochettes ménagées dans leur couture, des éléments comme des pièces de monnaie ou de petits poissons vivants nageant sur le ventre gracieux d’une jolie sirène de la nuit.

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Marisa Merz, "Scarpette", 1968

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Deux chaussons abandonnés sur une plage. Ils ressemblent à de petites embarcations prêtes au voyage. Leur trame tissée de fil de cuivre et de nylon jette une ombre douce sur le sable.
C’est en 1970 que Marisa Merz abandonne sur la plage ces petites Scarpette réalisées deux ans plus tôt. Ces objets tricotés témoignent de la proximité entre l’art et la vie qui caractérise son œuvre. Au cours de cette performance, dans un même jeu d’union entre ses rôles d’artiste et de femme, elle donne à Mario Merz son époux deux couvertures roulées, métaphores possibles de leurs deux corps, pour qu’il les offre aux aléas des vagues et de la mer.

Performance de Giuseppe Penone pour l’"Aktionsraum 1" de Munich en 1970

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Cette photographie saisit huit hommes transportant une poutre de bois de 12 mètres de long. Nous sommes en 1970 à Munich, et l’artiste Giuseppe Penone s’apprête à réaliser pour la seule fois en public un Albero.

Cette série initiée en 1969, dont un exemplaire figure dans l’exposition, nous invite à voir "Forêts, allées, futaies, jardins, parcs, vergers et tous les arbres enfermés dans des portes, des tables, des planchers, des planches, des poutres, des bateaux." Remontant le cours du temps par un scrupuleux travail de taille, l’artiste fait surgir le tronc de la poutre et restitue un état passé de l’arbre en retrouvant les strates de ses anneaux de croissance.

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Mario Merz, "Senza titolo" (Igloo), 1978

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Cherche la première maison
Cherche la maison Hémisphérique
Cherche le modèle parfait de l’idée de maison…

Ce modèle sera celui de l’igloo, que Mario Merz explore dans une série initiée en 1968. Conçus à partir d’une structure métallique reprenant la forme traditionnelle du dôme, ces espaces-refuges sont constitués de différents matériaux - tissu, terre, verre, pierre, branches - agrémentés parfois de lettrages et de suites mathématiques tracés aux néons, comme celle de Fibonacci qui fait ici écho à la forme initialement spiralée de l’igloo. Devenu emblématique de son œuvre, l’igloo est "la forme organique par excellence, c’est à la fois le monde et la petite maison".

Découvrez la page consacrée à l'exposition Entrare nell'opera : Entrer dans l'œuvre / actions et processus dans l'Arte Povera